26.5.12

THANK YOU LLOYD

Lloyd Kahn, le rédacteur en chef de Shelter Publication, a gentiment publié ma lettre sur son blog. Merci Lloyd! http://lloydkahn-ongoing.blogspot.fr/2012/05/22-yr-old-french-students-650-art.html

16.5.12

LE CHÂTEAU SUISSE NOUVEAU EST ARRIVE

Les notices de mon mémoire sont imprimées! Le contenu de ce blog est à l'intérieur. 76 pages / format 8.7 x 12,4 /

13.5.12

I WANNA LIVE IN A GEODESIC DOME (2000) - Kansas


HISTORIQUE #2

 Le château suisse est resté à l'état de passoire pendant bien longtemps

C’est dans les rayons de soleil apportés par le mois de février 2012 que je retrouvai une certaine énergie à dépenser dans ce projet. Pendant six mois il avait plu, grêlé et neigé sur (et dans) mon Château Suisse qui n’avait pas fière allure. Les dégâts, pourtant, étaient moins dramatiques que prévu. Juste quelques traces d’humidité pas vraiment inquiétantes, un peu de moisi par-ci par-là. Je découpai des fenêtres, y posai des carreaux en plexiglas jointés au mastic de maçonnerie (le moins cher). Si ceux-ci s’abîmaient, il suffirait d’un pistolet et d’une de ces bombes de silicones pour en assurer l’entretien. Je troquai les recettes expérimentales et non convaincantes d’enduit chaux-sable-résine dans l’achat d’une bâche en polyéthylène tressé de 96m2 et de vingt litres de colle à isolant extérieur. Une solution draconienne très « red neck », mais qui allait me satisfaire plus que je ne le pensais : après avoir découpé des modules à languettes calculés spécifiquement, je collai, pliai et agrafai cette bâche sur ma cabane. Après quatre jours consacrés à ce labeur, j’avais devant moi quelque chose de plus juste qu’auparavant. Ma coquille était devenue une toile de tente en dur dont les volumes étaient préservés, dont la couleur bleue électrique vibrait réellement en contraste dans son environnement, et dérangeait les spectateurs. Je jubile encore lorsqu’on me demande si c’est « définitif ». Et par-dessus tout, j’avais retrouvé le sentiment primal de la victoire de l’homme sur les éléments. La pluie et le vent n’étaient plus une source d’inquiétude ; ma coquille, cette partie si infime de ce que mon travail devait représenter, était achevée.

 Le collage de la bâche - très difficile de maroufler proprement

Plein d’entrain, j’attaquai l’intérieur comme une partie de plaisir. Mais avant cela, il me faut raconter ce qui s’est passé. Du moins, ce que j’ai pu déduire des indices laissés sur place. Le 3 avril, en arrivant près de ma cabane, je constatai que la porte avait été enfoncée. En passant celle-ci je trouvai un lit provisoire au milieu de mes outils, une couette humide et une lampe de poche. A ce moment là la bâche ne couvrait pas entièrement le toit, et pourtant quelqu’un avait trouvé un abri dans mon «château» perméable. La mystérieuse personne avait été galante : elle n’avait rien volé d’autre qu’un peu de place sous mon toit; tout était intact. Et pourtant je ne pouvais pas laisser cela se faire, il fallait que mon abri soit fermé et protégé des voleurs plus sérieux. Je renforçai la porte et sortis la couette et la lampe, qui furent récupérés, je crois. Je suis toujours mal à l’aise lorsque je pense à cela; si mon atelier était sensé tendre vers un idéal, je ne pouvais pas pour autant le partager. Au matin du 7 mai une surprise bien plus désagréable m’attendait: quelqu’un avait frappé à nombreuses reprises sur la porte à l’aide d’un chevron de bois utilisé comme bélier; une des vitres était brisée. La porte avait tenu bon, même si elle était abîmée. Le ou les vandales avaient sûrement voulu ouvrir le verrou en cassant une fenêtre mais j’avais auparavant pris soin de placer celui-ci hors d’accès par l’extérieur. Mes craintes furent confirmées. Il me faudrait réétudier le système d’entrée afin de rendre ma forteresse imprenable. Triste monde.

 L'aspect de ma forteresse en avril 2012 - de plus en plus S.F

Je branchai un câble électrique de 15m depuis l’atelier volume de l’école jusqu’à ma cabane, posai un sol propre en stratifié (son but initial) et me mis à toutes sortes de préparatifs. Selon mes dessins, je devais obtenir 30m2 de placoplâtre à plaquer sur les murs pour obtenir le maximum de luminosité et des cloisons intérieures propres, ainsi que 20m2 de volige de peuplier (la moins chère) destinée au mobilier. Les matériaux se devaient d’être peu nombreux pour garder une cohérence. Avant cela je m’amusai à parfaire dessins et mesures concernant l’agencement du mobilier intérieur, et m’exerçai quelque peu à des essais esthétiques et fonctionnels. Il fallait garder à l’esprit la motivation principale de ce projet, qui était de construire un atelier aussi idéal que possible au sein de l’école. Tout devrait donc être extrêmement fonctionnel. J’avais opté pour un aménagement circulaire collé aux murs, laissant le centre de la pièce libre, me permettant de circuler librement et de prendre du recul. La lumière la plus stable se trouvait contre la face sud-ouest, c’est là que serait ma table à dessin. Celle-ci serait inclinée à environ 15° et prendrait sa base à 73 centimètres du sol pour une chaise de 43cm à l’assise. L’établi s’élèverait à 82cm, me permettant de travailler debout, à gauche de la table à dessin et donc face à l’entrée si j’avais affaire à des longueurs de bois supérieures à 4m50, portes ouvertes en m’aidant d’une desserte à même hauteur. L’évacuation des sciures et poussières présentes au sol se ferait au moyen simple du balai, directement par la porte d’entrée. En face des tables de travail il y aurait des rangements simples pour les outils les plus couramment usagés, centrés à 1m50 du sol. Le reste des outils serait stocké dans la desserte mobile et le papier devrait être stocké dans des contenants hermétiques, le taux d’humidité étant trop important sans isolation. Une banquette pliable (pour éviter la poussière) de 2m20 de long sur 1m de large serait située sur la face est, tête au nord, là où la lumière est la plus intense tout au long de l’après-midi, pour rêvasser au soleil, car il est indispensable de se reposer dans un atelier. Enfin les angles « morts » situés entre les faces nord-est et nord-ouest et la porte seraient consacrés respectivement à l’évier et au stockage de tenues. Des étagères-bibliothèques à casier longeraient la première brisure, de hauteur 27cm et 37cm. Toutes ces mesures ont été établies empiriquement en fonction de ce qui « marchait », selon moi, ou pas, selon ma taille et selon des meubles Muji, Ikea, de Rietvelt ou encore de proportions telles qu’énoncées dans le Modulor du Corbusier. L’éclairage serait fourni par deux lampes de chantier suspendues à la panne faîtière. Un escalier asymétrique serait construit pour faciliter l’accès au « château ». A partir de là, il ne me resterait plus qu’à me servir de cet atelier. Et sans doute à analyser si cette construction avait ou non modifié mon travail dans un sens ou dans l’autre.

ISOLATOR


Le moment est venu pour moi de parler de l'Isolator (merci à Robin d'avoir partagé cela). La vocation de cette machine incroyable était d'isoler les écrivains et employés de bureau de toute perturbation extérieure afin de leur assurer un rendement optimum. En fin de compte le but de ma cabane - la ressemblance physique est d'ailleurs troublante) est le même, à quelques différences près. J'aimerais y inviter des amis pour prendre l'apéro, ce qu'on ne peut pas faire dans un scaphandre.

DO IT YOURSELF


En guise de manuel de construction voici une première ébauche

HISTORIQUE #1

Le premier dessin existant que j’ai pu retrouver de ma cabane date du 7 octobre 2010. C’est une forme simple de dôme allongé qui découle certainement à la fois des gravures de demeures indiennes en branches fichées dans le sol et de la forme la plus simple que l’on peut projeter d’un toit : deux triangles fichés dans le sol et reliés par une panne centrale au sommet. Cette idée de toit, c’est le concept de base, je pense, de ma réalisation. Quoi de plus fondamental et universel que cette forme triangulaire pour désigner un abri ?

Cette image représente une cabane de berger - elle ne m'appartient pas

Après avoir cherché quelque peu les moyens les plus économiques de construire une telle coquille (béton armé fin, agglomération de détritus, etc…), mon choix de matériau a été assez peu audacieux : le bois, je l’aimais, je savais à peu près le travailler; et s’il fallait démonter la structure, autant utiliser des vis. Le choix était fait! Il faut dire que mes choix ont toujours été dirigés par l’économie; la taille et la forme seraient dépendantes des matériaux que je pourrai trouver ou acheter au prix le plus bas. On pourrait dire que ce manque d’audace est indigne d’une pratique artistique; que j’aurais pu réaliser une maquette idéalisée plutôt qu’un vrai abri; que j’aurais même pu le peindre sur papier si la maquette était encore trop coûteuse. Je ne crois pas, non. L’objectif de cette réalisation était avant tout de me proposer une expérience et de la partager; de partir de ma table à dessin et de l’étendre tout autour de moi, en milieu « hostile » - l’extérieur.

 Le matériau essentiel, dans mon esprit, était la tôle ondulée ; j'imaginais un abri d'une quinzaine de mètres environ...

Mon intérêt se dirigea donc naturellement vers les charpentes traditionnelles (assemblage poteau-poutre) et vers la compréhension de cette mystique mécanique des tensions et des poids. La charpente de Mansard, dite aussi « Mansarde » ou « à la Parisienne » me semblait la plus apte à remplir cette forme de dôme – en dehors du dôme parfait et classique de Buckminster-Füller qui lui me semblait trop simple et sans doute trop consensuel dans une école d’art à cette époque précise. Il s’agit d’un quasi-arc-de-cercle formé par deux pentes plutôt qu’une (les contrefiches rejoignent la ligne, appelée brisure, entre ces deux pentes. En donnant à cette forme trois pentes (deux brisures) et en croisant six de ces arches de manière orthogonale j’obtins une forme de quasi-dôme, très difficilement représentable en dessin. Dès lors je me doutai que l’absence de murs perpendiculaires par rapport au sol serait problématique pour le confort et réduirait l’espace général. Mais qu’importe, j’étais impatient, et c’est avant tout cette image de coque de bateau renversée que l’on a en déambulant sous une toiture que je désirais à la base.

Mes démarches avec les professeurs et l’administration commencèrent. Les encouragements de Séverine* me furent très précieux à ce moment précis. Je montai un projet nommé « Coquille », qui se définissait ainsi : l’enveloppe de la structure serait défendue selon des données sculpturales; l’intérieur aurait la vocation d’un espace privé dont je disposerai seul, et où je fixerai mes propres règles. Je pris mon mètre déroulant, me mesurai, calculai la taille minimale dont j’avais besoin et tentai de la faire rentrer dans les vingt mètres carrés au sol réglementaires en France pour s’abstenir d’une demande de permis de construire. Je fabriquai une petite maquette échelle 1/10ème en carton assemblée avec des encoches (ce sera toujours mon assemblage favori, je crois), que je peignis soigneusement en bleu lagon. Julie me dit que ce serait « trop bien » si la cabane était finalement bleue. Je répondis : « Non, pas question. Le bleu c’est trop moche ». Etrangement, cette maquette aurait du me donner une vue d’ensemble de l’esthétique « futuriste » de ma future cabane; et pourtant je m’abstins de tout jugement critique vis-à-vis de cette forme que j’avais conçue. Rétrospectivement, je me demande pourquoi. Sans doute la peur d’une trop grande recherche, d’un trop grand coût physique, la peur de revenir en arrière. Voilà qui m’apprendra à être exigeant. Je montai un dossier très rapidement pour demander les 200€ dont je croyais avoir besoin.

La belle maquette bleue en question

Malheureusement aucune réponse ne me parvint. Alors en attendant, sûr de moi, je creusai les « fondations » par une température de -10°C, dans une terre gelée. Quel imbécile. Au sujet de ces fondations, ne jamais faire ce que j’ai fait si l’on souhaite une stabilité garantie sur la durée. Il s’agit de parpaings enterrés à moitié dans un sol que j’avais retourné et nivelé au préalable. Puis j’avais re-nivelé tous les parpaings entre eux au moyen d’une règle de maçon, d’un peu de sable et d’un bon niveau à bulles. L’usage le plus viable et le plus économique aurait été de couler une vingtaine de plots formés de deux trapèzes, la partie inférieure du plot permettant à celui-ci de ne pas se déplacer de haut en bas dans la terre meuble sous la pression du givre et de l’humidité. Seulement le coût de ce béton armé - et son transport - étaient déjà trop grands pour moi. Et franchement, je n’aime pas le béton.


Toujours pas de réponse. Je collectai des planches qui traînaient par-ci par-là, je démontai des palettes. Cela me permit de construire la partie supérieure de mon toit mais pas plus. Le temps est désespérément long quand on attend une réponse décisive et qu’on a tout mis en oeuvre. A ce moment précis, j’aurais pu entrer dans une colère noire et prendre possession de tout ce que j’avais sous la main pour me construire un abri, mais je ne l’ai pas fait. Je préférai attendre pour faire quelque chose de « propre », pour une fois. Etait-ce une bonne décision, je me pose encore la question. Toujours-est-il que je décidai d’enfoncer les portes (ouvertes) de l’administration de l’école. « Tu es en quatrième année, tu n’as pas le droit à un budget », me dit-on. Mais j’insistai. Les matériaux que j’avais commandés ne seraient plus disponibles très longtemps à Brico Dépôt et Yann* n’était disponible que le lendemain pour m’y amener en camion. Alors sous cette menace, je signai un contrat avec le diable : je devrai rembourser à l’école l’intégralité de la somme allouée si mon passage en cinquième année n’était pas admis. Pour un lecteur extérieur au milieu des écoles d’art il faut savoir qu’un budget limité est donné aux étudiants pour passer leur diplôme. Cela peut sembler injuste, et ça l’est peut-être. Mais l’or du contribuable échoue dans des alcôves bien moins glorieuses. Bref, me voilà condamné au succès ou à la banqueroute. Et je me ravis maintenant de cette mésaventure qui aura suscité plus de débats au sein de l’école que la mort de l’Art.

            C’est ainsi qu’après un rapide passage au temple de la bricole du dimanche je me retrouvai les bras chargés de six bastaings de trois mètres, quatre chevrons de quatre mètres et d’une cinquantaine de mètres carrés du matériau le moins cher que j’eus pu trouver à l’époque : le revêtement stratifié imitation peuplier. Il s’agit de planches de 6mm d’épaisseur à assembler les unes aux autres, faites de feuilles de papier kraft agglomérées avec de la résine et recouvertes d’une pellicule plastique sur laquelle est imprimé un faux motif en bois conçu sous Photoshop. Vous en avez probablement chez vous, plaquées au sol. Ce matériau totalement dénué d’intérêt (si ce n’est sa relative solidité et sa relative résistance à l’eau) me permettrait d’esquisser la forme de ma cabane en formant de grands plans vissés sur ma charpente. En parlant de cette charpente, il me fallut moins d’une semaine pour lui donner sa forme définitive, à grands coups de scie-sabre et de vis Thorx de 120 et 90cm. C’est dire s’il est simple d’arriver à quelque chose de concret (et c’est peut-être la chose la plus concrète de la partie extérieure) du moment qu’on a les matériaux sous la main. C’est à ce moment précis que je pus considérer avoir réalisé un espace existant.

 Pour parler bien franc, la plupart des bois sont tordus et en mauvais état - mais ça tient!

Mais je vais trop vite en besogne : sur les parpaings que j’avais placé au préalable (et qui évidemment avaient bougé à cause du changement de température), je posai vingt palettes de format 120x120cm (de bonnes et robustes palettes de récupération qui servaient à recevoir des barils de pétrole – elles sont d’ailleurs estampillées TOTAL). Les palettes une fois vissées entre elles accueillirent des planches d’OSB 1 gracieusement payées par l’atelier volume (copeaux agglomérés en planches peu résistantes à l’humidité) qui permirent de former une estrade solide - qui d’ailleurs servit pour un joyeux évènement. Bref. Ces planches solidarisèrent mon plateau et me fournirent un sol sur lequel m’appuyer. Ensuite vint la construction de trois arches identiques, qui me donneraient mes deux murs principaux inclinés à 80° par rapport au sol. Etienne* et Yann* m’aidèrent à les soulever et à les visser au sol. Il ne me restait plus qu’à les assembler dans les encoches du reste de la charpente, à les boulonner et à les visser. Les extrémités de ces arches sont les points de tension principaux de la structure : comme il n’y a aucun pilier orthogonal au sol, toutes les forces sont exercées depuis les pieds en direction de la première ligne de brisure, qui détermine le commencement de mon « plafond ». C’est sur le plan horizontal précis de cette ligne que se trouve mon quadrillage ou « solivage » le plus important. Grâce à celui-ci, chaque ligne est continue de gauche à droite et de haut en bas et ainsi aucun élément de charpente ne fonctionne indépendamment d’un autre. Ces histoires de pression et de tension m’amènent à célébrer la sculpturalité d’une simple forme de charpente, et justifient ainsi mon intérêt pour celle-ci. Nous l’avons éprouvé non sans satisfaction avec Pierre* en montant dessus et en la secouant sans que rien ne tombe ou ne craque.

Si la charpente fut un exercice de relaxation, la couverture de celle-ci eut le mérite de m’agacer profondément. Je ne conseillerai à personne d’opter pour le stratifié comme ersatz de couverture. Il me fallut presque un mois entier pour couvrir les 9/10ème de ma charpente. Et cela à cause d’une grande démotivation quant à la difficulté d’assembler ces planches verticalement, de les couper proprement, de les visser rythmiquement (quatre vis par planche au minimum = environ 8000 vis à placo). Et aussi sans doute à cause des remarques – très justifiées – que l’on me fît sur l’esthétique très « science-fiction » de la cabane et sur les comparaisons amusantes entre moi et Jean-Claude Ladrat, l’homme de La Soucoupe et le Perroquet (émission Strip-Tease sur France 3) qui construisait sa propre soucoupe volante en bois. Je ne blâme en rien mes amis pour m’avoir révélé une vérité qui était si évidente que je ne l’avais pas vue: j’avais construit un volume aux antipodes de ma volonté; j’avais sculpté en aveugle, dicté par mon impatience. Cet état de choses renforça ma solitude, que j’avais incarnée dans cette cabane. Cette solitude, je n’en voulais plus et j’étais fatigué.

 Jean-Claude, sa soucoupe, sa mère, un ami et son chien - laissez-les tranquilles

Au début du mois de juillet 2011 se présentèrent un journaliste curieux et une jolie photographe. Charmé, j’acceptai une interview de quelques minutes dans ma cabane et un shooting photo sous mon meilleur profil. C’est le lendemain, sur le chemin des vacances, que je découvris la trahison : le journaliste avait transcrit mes propos en me faisant parler comme un charretier, en réinventant mon enfance, en faisant des fautes d’orthographe (honte à lui, remarque) et en m’affublant du sobriquet de « Castor des Berges du Nil » (article ci-dessous). S’il est interdit de porter atteinte à la liberté de la presse, peut-on au moins entraver sa bêtise?

L'ANNEE DERNIERE À LA MÊME PERIODE

J'ai entamé la construction de la charpente juste après "L'envolée" de Johan (on aperçoit le tremplin derrière)

INTRODUCTION #2

Je laisse la parole à Charente libre, en guise de préface, qui a si bien su capter l'essence même de mon projet... (lien et article ci-dessous)



Une maison de castor sur les berges de la Charente 

Richard Beaumois, un jeune étudiant de l'Eesi, s'est lancé une expérience artistique originale qui le conduit à construire de ses propres mains son atelier de dessinateur de BD. Prendre le contrôle de son espace, c'est vital.

C\'est juste en face l\'immeuble Salmon, sur la route de Bordeaux, que Richard Beaumois construit son atelierPhoto Céline Levain
C'est juste en face l'immeuble Salmon, sur la route de Bordeaux, que Richard Beaumois construit son atelier
Photo Céline Levain

Il y en a qui bâtissent des châteaux en Espagne, d'autres des cabanes au Canada, Richard Beaumois, lui, construit son atelier d'artiste à Angoulême. Cet étudiant de quatrième année de l'Ecole européenne supérieure de l'image n'a pourtant rien d'un ermite endurci, ni d'un militant du DAL, l'association Droit au logement.
«J'ai voulu aller jusqu'au bout de ma démarche de création en construisant moi-même mon propre espace de travail», explique ce dessinateur de BD en herbe qui a obtenu l'autorisation et 380€ d'aide de son école pour pouvoir expérimenter son concept, route de Bordeaux.

Le mois dernier, entre les préfabriqués mis à la disposition de l'école par la ville d'Angoulême et au pied de la rampe d'envol d'un autre étudiant de l'Eesi, Richard Beaumois a commencé à élever en matériaux de récupération son futur atelier qui ressemble à une soucoupe volante. Mais avant de se lancer dans les fondations, il a mis six mois à bâtir les plans, réaliser une maquette à l'échelle et trouver les financements.
«Les ateliers de l'école sont très bien et je m'entends bien avec les autres étudiants, reprend Richard Beaumois qui a séduit ses enseignants avec ce projet, mais prendre le contrôle de son espace, c'est vital. Je pense que tout artiste a besoin de construire lui-même son lieu de création pour être en cohérence. Je veux savoir si je vais pouvoir produire différemment que dans l'école ou mon appartement du plateau».

«Le Château suisse»
Construite entièrement en bois sur un plancher fait de palettes, Richard Beaumois ne va pas s'arrêter aux murs. Il a prévu de construire seul et de ses propres mains les chaises, meubles et table à dessin de son atelier. Pendant les vacances où il retourne chez lui à Lyon, il va bâcher son oeuvre en cours de réalisation. «En septembre, je vais poser les fenêtres et m'attaquer à l'étanchéité des murs en lattes de plancher hydrofuge, que je vais enduire à l'extérieur d'un mélange de chaux et de terre», reprend ce castor nouvelle vague.
Si la forme principale est définitive, les aménagements, eux, seront évolutifs. «Je veux que cet atelier se transforme en fonction des besoins que je vais y avoir. Par exemple, pour cet hiver, je vais devoir l'isoler et la chauffer pour pouvoir y travailler, note Richard Beaumois qui appelle son atelier le Château suisse. C'est une spéciale dédicace pour les frères Chapuizat, qui sont suisses, avec lesquels j'ai travaillé sur leurs constructions oniriques qui m'ont donné l'idée de ce château».

Et même s'il a pris du retard sur la demande d'autorisation de construction au service de l'urbanisme de la ville, Richard Beaumois espère que la mairie ne détruira pas son oeuvre qui de toute façon a vocation à être éphémère. «Cette coquille, je l'ai pensée comme une sculpture dans laquelle je veux produire en toute liberté et me fixer mes propres règles, confie ce jeune homme passionné d'architecture. En fait, je me suis inspiré des mansardes parisiennes pour la construction de ma charpente».

Reste que la construction de ce projet est particulièrement chronophage pour l'étudiant dont le travail principal est tout de même l'apprentissage de la BD. «C'est compliqué de mener les différents projets sur lesquels je travaille de front, mais je ne pouvais pas manquer cette opportunité que seule une école d'art pouvait m'offrir, conclut Richard Beaumois, qui enfant adorait construire des cabanes au fond du jardin. Je ne sais pas encore quand, ni comment, mais une chose est sûre, un jour, je construirai ma maison d'habitation».

INTRODUCTION #1

Le projet du Château Suisse est né il y a environ deux ans, lorsque, fatigué de démarcher les différentes administrations pour faire réhabiliter les ateliers de l'école, je décidai d'en construire un pour moi-même.
Ce devrait être un atelier idéal, à la fois dans l'école et à l'extérieur, pour que je puisse y accéder lorsque bon m'y semblerait. Ce projet est donc né d'une intense fatigue ; et aussi d'une peur panique de ne pas avoir tout à disposition pendant le travail.
La pratique de la bande dessinée est pourtant simple et on peut produire une planche où que ce soit avec pour tous instruments un crayon et une feuille. Mais il est déjà bien assez difficile de créer sans qu'en plus un état de manque se fasse sentir. Qu'à cela ne tienne! Il vaut sûrement mieux tout faire pour se mettre au travail que de ne rien faire du tout.
J'espère que cette expérience aura été (et sera) profitable à d'autres que moi; au moins autant que l'ont été certains livres cités à la fin de cet ouvrage. J'aimerais en tout cas qu'elle ne finisse jamais et que je puisse continuer à publier un catalogue du Château Suisse en 2013 et 2014, etc. et que d'autres en construisent à leur manière.